Suite à un reportage diffusé en juillet 2011 je propose à Régis d’aller en Egypte profiter de l’absence de touriste depuis la révolution de février.  Nous voilà donc partis sur la terre des pharaons pour 12 jours à sillonner le pays.


Arrivé au Caire le mercredi 26 octobre au soir on se rend vite compte après quelques minutes dans le taxi d’une petite pollution dans l’air qui nous picote les narines. Avec presque 20 millions d’habitants et certainement autant de voiture c’est pas étonnant. D’autant que les  véhicules doivent tous avoir en moyenne 30 ans et diffusent de bons vieux nuages foncés.

 

Notre hôtel se situe en plein centre pas très loin de la fameuse place où ont eu lieu les manifs de ce début d’année. Les rues grouillent de monde, c’est apparemment shopping‘time à partir de 19h00. On pose nos affaires et on se précipite à la recherche d’un endroit où manger.

 

C’est là que la bizarrerie égyptienne débute, aucun resto en vu !!!
On nous indique une adresse, un petit bouiboui genre kébab. La conclusion s’impose rapidement comme quoi c’est pas là qu’on pourra se péter le bide. Nous qui aimons bien ça on sera pas au bout de nos peines.

Le trajet

 

Deux petites galeries comparatives

 

L'Egypte Antique
L'Egypte contemporaine

 

 

 

 

 

 

Le nuit se passe et vers 4h/5h du matin : réveil en sursaut au chant des «Allah Akbaaaaaaaar».

 

C’est parti pour le concert  nocturne, d’autant que les 250 hauts parleurs de la mosquée voisine pointent tous vers notre chambre d’hôtel. A défaut de prière ça sera l’heure d’aller pisser un coup.

 

Le lendemain matin le boulot commence, journée pyramides, au programme la vieille pyramide de Saqqarah (en travaux) donc pas terrible.

Ensuite visite des pyramides de Dahchour, on sera tout seul. Escorté par deux policiers qu’on aura réveillé en arrivant, l’un motivé fera le tour de la pyramide avec nous en baragouinant quelques trucs qu’on n’a pas compris et le second restera vautré sur son dromadaire.

La chose qu’on attendait arriva : « tips tips tips… ». Le flic veut du fric, mais il tombe mal car on n’est pas sympa, on se dirige vite vers un autre touriste pour que ce dernier se décolle de nous et telle une mouche change vite d’hôte. Ca marche !! On visite les 2 grosses pyramides du coin et on file vers le site de Gizeh voir les 3 grandes pyramides.

 

Sur le chemin on traverse la périphérie du Caire, longeant un affluant du Nil. Le premier contact avec ce qu’est l’Egypte se fait à ce moment. Le pays est une véritable poubelle, on voit des choses incroyables, déversement de camion genre vidange de fosse septique dans la rivière, décharge le long de la berge. Assez difficile à décrire mais impressionnant. A des endroits la rivière est longée par des murs, dés qu’il y a une ouverture les poubelles forment des montagnes.

Le caire (Régis)

Le caire (JF)

 

Saqqarah et Dahchour (JF)

 

 

Plateau de Gizeh (JF)

Saqqarah et Dahchour

Plateau de Gizeh (Régis)

Nous arrivons au pied des pyramides et du Sphinx, là on tombe dans les magouilles du taxi qui nous amène chez un pote à lui pour nous refourguer une location de dromadaire ou de cheval pour aller faire le tour du site.

 

Le gars nous motive en nous disant que ça fait 12km (bobards) et qu’on va mourir en plein soleil. Dommage pour lui Régis est en plein concours de marche à pied avec son podomètre autour du cou et on aime bien marcher.

 

Ca sera peine perdue, le type nous soule ¼ d’heure, ainsi que les 10 000 relou-grapillous qui nous attendent au pied du Sphinx pour nous vendre des objets bidons. On s’aperçoit vite que pour l’Egyptien le touriste est un billet avec des pieds et des bras.

 

Tout autour des pyramides les déchets parsèment le désert et s'accumulent au pied du sphinx. Ca sera le premier choc émotionnel du shtroumph. La préservation des beautés archéologiques ne sont apparement pas à l'ordre du jour des politiciens locaux.

 

Le lendemain nous visitons le musée du Caire, l’après midi nous nous perdons dans le grand souk où là aussi les records de saleté, d’immondice et d’absence d’hygiène battent tous les records. Après des kilomètres à errer dans des quartiers bizarres on se dit qu’il est temps d’essayer de se renseigner sur l’endroit où on se trouve, mais les gens à qui on demande n’en savent pas plus que nous.

 

On réussit à trouver un métro et nous voilà parti vers le vieux Caire et le quartier des Coptes. Là les choses changent puisque c’est beaucoup plus propre et super sécurisé (enfin… sur 1ha pas plus). A savoir que les Coptes sont une minorité religieuse au milieu des islamistes. En clair c’est chaud pour eux surtout en ce moment.

 

 

 

 

---ASSOUAN---

 

Nous rentrons le soir vers l’hôtel et nous prenons un train de nuit pour le Sud du pays, arrivée au petit matin à Assouan. Malgré les quasi 1000km qui nous séparent du Caire les poubelles sont toujours présentes et semblent même être montées en qualité.

 

On traine dans les rues toujours à marcher comme des fous au grand désespoir des grapillous loueurs de calèches à chevaux malodorants et des captain’felouques en mal de clients à arnaquer.

 

 

Temple de Philae (Régis)

Temple de Philae (JF)

Le lendemain, réveil à 2h30 pour un départ vers Abu Simbel à 280km de là. Traversée du désert pour arriver au petit matin devant ce splendide site à la frontière du Soudan. 2h de visite et retour au bercail.

 

L’après midi la folie nous prend d’aller faire un tour en felouque, avec l’idée de justement faire un vrai tour.

 

Seulement comme tout bon égyptien arnaqueur et menteur notre Captain « têt’de con » commence à nous raconter un tas de bobards pour éviter d’aller trop loin. Avec le recul je me dis qu’on aurait du le balancer par-dessus bord car il nous avait vraiment énervé.

Abu Simbel (JF)

Abu Simbel (Régis)

 

Assouan (JF)

Assouan (Régis)

La soirée sera consacrée à errer dans le souk d’Assouan, et là on a bien rigolé, étant pratiquement les  seuls touristes cette semaine là ils nous ont tous sauté dessus. A grand coup de « my friend », « zcuzi moi missieux, zcuzi moi », « entrez c’est pas cher », « venez juste regarder » et le magnifique « c’est gratuit jusqu’à la caisse » on a eu que l’embarras du choix pour aller voir les conneries en vente.

 

Pour la petite histoire tout est en plastique ou poudre de pierre reconstituée, le tout fabriqué en Chine.


Alors comme ils nous emmerdaient fortement, on a passé notre temps à faire pareil, à négocier, à tuer leurs arguments par des « Ca ! Mais c’est made in China » et la réponse classique « non, ça c’est fait main missieux », y en a même un qui a osé dire que c’était lui qui le faisait. Faignassoux comme ils sont ça nous a bien fait rire. On a fait quelques caméras cachées assez marrantes.

 

 

 

 

 

---REMONTEE VERS LOUXOR---

 

Le jour suivant, comme si la virée en Félouque ne nous avait pas servit de leçon nous voilà parti en direction du Nord, vers Kom Ombo, Edfu et Louxor. Embarqués en retard, on se retrouve sur une felouque avec un capitaine et son jeune moussaillon. Les égyptiens au grand air naviguant sur le Nil … avec le pétard sur les lèvres.

 

La grosse aventure, on ne sait pas où on va mais quand on leur annonce qu’on va sur Kom Ombo et que notre voyage doit se terminer à Edfu, ils rigolent en nous disant qu’il faut au moins 3 ou 4 jours. Là on se dit qu’on est mal barré.

 

La bouffe égyptienne peu variée (on a bien du manger 2 plats différents durant 10 jours) étant déjà un calvaire, quand Captain Morbak (il passe son temps à se les gratter) se met au fourneau, attention le carnage !!! On aura droit à une nuit (qui commence à 18h00) sur la félouque à la belle étoile. On s’est bien caillé. Au petit matin Captain Morbak nous prépare la recette number one au mondial du cholestérol : le pain à l’huile. Le genre de truc horrible.

 

Ils nous lachent au petit matin au bord d’une route où un mini bus vient nous récupérer.

 

Au volant Joe l’enfume et Alphonse la défonce enchainent les pétards à chaque fois qu’ils nous posent à un temple. Le bon musulman égyptien ne boit pas et  ne mange pas de viande impure, par contre il s’en met plein les neurones et est un sacré crado. Quand on voit l’état des endroits où on essait de manger on se dit qu’il ne faut pas être une chochotte du bidon. Les tables sont dégeulasses, les nappes dont les coins noirs trainent parterre n'ont pas du être lavées depuis des années . Les bords de mur jouxtant les tables bien crépis. Bref le ménage est un mot qui n'existe pas dans ce pays.

 

 

Le matin on visite Kom Ombo et Edfu, deux sites trés sympas, on commence à voir les premiers vrais groupes de touristes.

Kom Ombo (JF)

 

Edfu (JF)

Kom Ombo (Régis)

 

Edfu (Régis)

 

 

 

---LOUXOR---

 

On arrive dans l’après midi à Louxor. On file de suite visiter Karnak, et finissons par le temple de Louxor de nuit. Sympa.

 

Les touristes sont un peu là, mais ça ne se voient pas dans la ville, on reste bel est bien seuls à érrer dans le souk et les ruelles du centre ville.

 

Le lendemain on part pour la vallée des rois, juste 3 tombes sont ouvertes, les relou-grapillous sont à l’œuvre, harcèlement permanent, bakchich, échange de faux euros, vente de cartes postales, et autres bricoles qui valent pas un clou.

 

On enchaine avec Hatchepsout, puis Medinet Habu, magnifique temple avec beaucoup de peintures intactes. On termine par les 2 colosses de je sais plus quoi.

 

Puis on se dit qu’on en a marre des temples, des hiéroglyphes et surtout des égyptiens. On les achève le soir au souk, puis le lendemain nous partons à l’aube vers la mer rouge pour se mettre au vert et quitter ce foutoir qu’est la vallée du Nil.

 

Karnak (JF)

 

Temple de Louxor (JF)

Hatchepsout (JF)

 

Medinet Habu (JF)

Hatchepsout (Régis)

 

Madinet Habu (Régis)

 

Au petit matin nous quittons Louxor en direction du Nord, vers Qift, un bled paumé bien crado dans lequel nous resterons 3h à vivre à l'egyptienne, posé sur un banc à regarder ce qui se passe dans la rue. Et là! Fait incroyable nous rencontrons notre PREMIER egyptien sympa, qui nous offre le thé et nous demande de le prendre en photo devant sa boutique. Un peu inquiet quand à l'issu financière de cet acte, nous restons impressionné par son air sympathique.

 

Un dernier calvaire nous attend pour les 2h30 de route dans un bus bondé où le chauffeur nous met la musique locale arabe (insupportable, 3 notes de musique et un mec qui braille). On est proche de la saturation, on rêve de tranquillité ! Là aussi surprise dans le bus, le voisin de Régis lui offre deux trucs à manger. Comme si en s'écratant des sites touristiques l'égyptien devanait sympa.

 

 

---Al Quseir---

 

 

Le bus arrive à Al Quseir, bien que dans nos rêves on pouvait se dire que la mer rouge serait un paradis, avec port de pêche, palmier, on savait bien que ça serait pas possible. Effectivement, loin de Hurghada et des hôtels 15 étoiles à touristes le mode bouiboui est toujours là, on commence à se dire qu’on ne verra jamais plus haut que le couvercle de la poubelle. On prend  un taxi qui ne comprend rien à ce qu'on lui dit, nous laissons derrière nous Al Quseir et voilà qu’au milieu du désert en bordure de la mer rouge on aperçoit notre nouveau logement.

 

Un espèce de truc bizarre fait à la waneuzgaine. Ca fait vraiment campagne, la route principale en ligne droite sépare notre nouveau havre de paix, à gauche les cabanne pour dormir, et à droite la plage encerclée de corail. On s’installe, on prend les masques et plouf on se précipite dans la mer rouge. L’eau est super bonne et les fonds marins exceptionnels.

 

La nuit tombe vite et étant seuls dans le camp (ouai c’est un camp) on commence à se dire qu’on va s’emmerder un peu. C’est là qu’entre en jeu la partie de réussite. On a du en faire 100, surtout le second soir où le groupe électrogène était en panne, du coup repas à la bougie.

 

Les journées défilent au rythme du soleil, plouf vers 9h00, lecture sur la plage, plouf, puis frites/viandes frites et lecture puis plouf. Les nuits sont un peu plus excitantes puisque le camp étant situé sur une petite colline au dessus de la ligne droite de la route nationale nous aurons droit à des bruits de camions et voitures toute la nuit.

Al Quseir (JF)

Al Quseir (Régis)

 



Nous quittons Al Quseir en bus le dimanche soir vers 17h00 un peu stressés car l’avion décolle à 7h40 du Caire et nous sommes à environ 800km de la capitale. Le bus s’arrête un peu partout, même 1h à Hurghada. La clim est à fond, on se gèle, et chaque égyptien met la musique sur son téléphone portable, c’est la cacophonie. On arrive à 2h00 au Caire, étonné d’y être si tôt. On décide de partir directement à l’aéroport avec un taxi qui parle pas un mot d’anglais, mais on y arrive. On passera quelques heures en clochard en attendant 5h du matin pour vider notre porte monnaie en s’achetant 6 cheeseburger dans un McDo.

 


Au final un voyage assez pittoresque où se mêlent d’un côté un profond respect des antiquités et de leurs finesses et une certaine décadence contemporaine. On se dit que les égyptologues ont du soucis à se faire pour le devenir des monuments et leur préservation.

 

Quand à nous, et ben on a bien fait de venir cette année car on a vraiment été peinard y avait pas grand monde.